samedi 12 février 2011

Les Dents de l'Amour, de Christophe Moore



Jody, la quarantaine, successful businesswoman, découvre suite à une agression, ses sens olfactifs, auditifs et visuels décuplés, et une main relativement bien crâmée qu'elle est devenue un vampire. Voilà qui est fichtrement embêtant, surtout lorsqu'on n'y connaît rien à la question, que celui qui l'a "créée" la suit à la trace et essaie de la faire inculper pour meurtre (sic), que l'on rencontre un jeune écrivain nihiliste à la sensibilité exacerbée, et que sa mère finit par vous tomber dessus parce que ben... avant elle l'appelait tous les mois, au moment de ses règles, question de se débarrasser de tous les trucs chiants une fois pour toute en même temps, et ben en temps que vampire, forcément.... elle a oublié....

Complètement délirant !

Présentation de l'éditeur

La rencontre fortuite de Tommy, débarqué à San Francisco de son Midwest natal pour devenir le nouveau Jack Kerouac, et de Jody, une bouillonnante secrétaire de vingt-six ans, aurait pu nourrir une banale histoire d'amour. Seulement voilà, juste avant de faire la connaissance du jeune homme, la belle Jody a été mordue par Flic Ben Sapir, un vampire âgé de huit siècles qui a fais d'elle un nosferatu - histoire manifestement de luI pourrir la (non-)vie. 

Fort heureusement, Tommy l'écrivain tourmenté, tombé amoureux fou de Jody, veille au grain. Avec l'aide de ses collègues de l'équipe de nuit du supermarché où il travaille et d'un sympathique clochard auto-proclamé empereur de San Francisco, il n'aura de cesse de traquer le vieux démon pour défendre sa dulcinée - sans oublier de passer chercher le linge en rentrant, merci. 

Après Godzilla dans Le Lézard lubrique de Melancholy Cove, les zombies dans Le Sot de l'ange ou la Mort herself dans Un sale boulot, Christopher Moore dynamite cette fois le mythe du vampire avec sa folie coutumière. A conseiller aux dépressifs.  

Extraits
L'Empereur s'arrêta à nouveau et fit signe à Tommy de s'approcher. Le garçon s'accroupit et prêta l'oreille.
"Je vous écoute.
- Je l'ai vu, murmura Sa Majesté. C'est un vampire."
Le garçon eut un mouvement de recul, comme si on lui avait craché dessus.
"Un vampire fleuriste ? s'étonna-t-il.
- Tu sais, le plus dur, c'est de digérer l'aspect vampire, le côté fleuriste passe comme une lettre à la poste. Tu n'es pas de mon avis ?"
  "Non, non, non, rouspéta le serveur. Pour le cappucino, on utilise la cuiller à moka, précisa-t-il, en désignant le minuscule objet posé sur la soucoupe.
  - La cuiller à moka... " répéta Tommy, qui se sentait une âme d'aventurier.
  En Indiana, l'expression "utiliser la cuiller à moka" servait à décrire un coming out flamboyant à la mode Gay Pride. San Francisco était décidément une sacrée ville ! Quel endroit remarquable pour un écrivain ! Quand aux gays, si l'on passait outre leur soi-disant obsession pour les chansons de Barbra Streisand, ils semblaient plutôt sympathiques. Tommy sourit au serveur.
  "Je vous remercie, lui dit-il. Vous pourriez m'aider pour les fourchettes ?
  - Celle que vous attendez a-t-elle quelque chose de particulier ?
  - Je crois qu'elle va me briser le coeur.
  - Comme c'est excitant ! Alors nous allons vous rendre irrésistible. Commencez par la fourchette la plus éloignée de l'assiette."

   Sa fille avait hérité de ses saisissants yeux verts, que pailletaient des étincelles de jugement. De jolie, elle était devenue élégante en glissant dans les nimbes de la ménopause.
   "Puis-je entrer ?"
   Prise dans l'élan de l'accolade, Jody baissa les bras et dit en s'effaçant : 
   "Mais naturellement. C'est bon de te revoir", ajouta-t-elle en refermant la porte derrière sa mère.
   Tommy jaillit de la chambre à la cuisine. Comme il était en chaussettes, il s'arrêta en dérapant.
   "Bonjour", dit-il.
   [...]
   Frances Stroud donna son vêtement à sa fille comme elle aurait tendu sa carte de crédit à un agresseur, donnant l'impression de ne pas vouloir savoir ce qu'elle en ferait parce qu'elle ne le reverrait jamais.
   "C'est votre canapé ?" demanda-t-elle en désignant le futon d'un signe de tête.
   Jody pria sa mère de s'asseoir et lui proposa un verre.
   "Nous avons..."
   Elle réalisa qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'ils pouvaient proposer.
   "Tommy, qu'avons-nous ?"
   Le jeune homme ne s'attendait pas à ce qu'on lui pose des questions aussi rapidement.
   "Je vais voir, dit-il en ouvrant un placard. Nous pouvons vous proposer du café, normal ou décaféiné, de l'Ovomaltine et..."
   Il ouvrit la porte du réfrigérateur.
   "De la bière, du lait, du jus de canneberge, et de la bière, énormément de bière... Enfin... pas énormément, beaucoup de bière, et..."
   Il ouvrit la porte du congélateur, aperçut le regard fixe de Peary entre deux plateaux télé et referma brutalement le couvercle.

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Lu en janvier 2010, sélection prix du lecteur Trignac 2010
 
Titre : Bloodsucking Fiends / Les Dents de l'Amour
Traducteur : Luc Baranger
Auteur : Né dans l'Ohio en 1957, Christopher Moore, qui aime l'océan, le polo à dos d'éléphant, les émissions télévisées sur les animaux et les crackers au fromage, a étudié l'anthropologie et la photographie au Brooks Institute of Photography de Santa Barbara - où il écrira son premier roman, Practical Demonkeeping, publié en 1993. Après avoir passé quelques années dans une forteresse perdue sur une île inaccessible du Pacifique, il s'est récemment établi en Californie.

Editeur : Simon&Schuster INc., NY, 1995 / calmann-lévy, 2008 - Coll. : Interstices
Autres titres de l'auteur : D'amour et de sang frais, Un sale boulot, Le sot de l'ange, Un blues de coyote, La vestale à paillettes d'Alualu, Le lézard lubrique de Melancholy Cove, Le secret du chant des baleines, L'agneau

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